Ainsi soit-elle

 La musique des mots me rentre dans les pores

Et titille les maux de mon cœur en souffrance.
Son ombre est belle et, pire : son âme est-elle encor’ ?
Elle se souviendra de mes bruyants silences.


J’ai du mal d’être moi et je n’ai plus le temps
,
D’atteindre son regard, un coup d’œil, un émoi,
Qui pourrait me surprendre et bien me laisser coi.
À moins qu’une caresse ne m’effleure en chantant.


Mystérieuse et belle, je la ressens vibrer,

Au rythme des bandas et des fandangos fous.
Toute habillée de blanc, elle danse la « Libre »
Les deux bras en arceaux et le buste andalou.


Je la regrette encore, je la hais, je la mords.  
Son goût de peau me met un peu d’eau à la bouche,

Juste de quoi me dire, me redire le remords
Qui tourmente ma vie de son regard  farouche.


L’image d’une porte entrebâillée. Je vois,

Je crois apercevoir l’ombre de sa vertu,
Le souffle de sa voix, en un plan, confondus.
Vision de sentiments d’amertume, déjà.


L’oiseau qui, sur sa branche, s’égosille en sifflant

Un chant mélodieux, désespéré souvent,
Ne montre pas ses larmes. Il les crie en chantant.
On ne saura jamais où l’amène le vent.

 

Jean-Charles Theillac