Une main

Un petit fils ? Un’ petit’ fille ? Je ne sais pas.

Pas encor, incertain, après douze semaines.

Mais sa main, je le sais, elle est là, je la vois.

Elle nous dit, semble-t-il, attendez que je vienne.

Peu importe d’ailleurs qu’il soit mâle ou femelle.

C’est un être nouveau, un enfant  de ma fille,

Un enfant de l’amour, peut-être un prix Nobel.

Que cette âme noble et belle, vienn’ dans notre famille.

Nul ne sait de sa vie ce qu’il en adviendra.

Une bonne santé, une tête bien faite,

Et le reste sera et fera ce qu’il doit.

C’est ainsi va la vie, jour après jour refaites.

Nous allons lui offrir une terre en chaleur

Et des glaçons qui fondent, une marée qui monte

Un av’nir incertain, des conflits ravageurs

Des sous dessus dessous, à ce point là, j’ai honte.

Cette main qu’il nous montre nous met peut-être en garde,

Ou nous fait un salut, comme un « bonjour la vie ».

Son profil apparaît, sa naissance me tarde,

J’eus préféré pour lui, inventer l’utopie.

 

Jean-Charles Theillac